mercredi 18 février 2009

Enseigner la grammaire autrement

Résumé du texte publié par Suzanne Chartrand
Enseigner la grammaire autrement


Un nouvel enseignement de la grammaire est nécessaire à l’école selon Mme Suzanne Chartrand[1]. Il faut un enseignement qui élargit la conception de la grammaire en y intégrant toutes les dimensions de la langue et qui propose des descriptions plus rigoureuses des phénomènes langagiers ainsi qu’un métalangage simplifié, la conception actuelle de l’enseignement de la langue.

L’objectif principal de l’enseignement de la grammaire est la maîtrise des règles de construction des phrases et des textes. Un bon nombre de ces règles et normes est enseigné au cours de la scolarité obligatoire. Leur enseignement ne garantit pas leur maîtrise.

Connaissance et maîtrise des règles

Pour savoir accorder les verbes, un élève doit connaître les règles générales d’accord du verbe. Cependant, ces connaissances sont insuffisantes puisque l’élève doit savoir quand les utiliser (connaissance conditionnelle). L’élève doit savoir repérer tous les verbes pour pouvoir les accorder. Il doit reconnaître tous les contextes linguistiques où la règle s’applique. En ayant repéré les verbes, il doit également savoir comment faire l’accord (connaissance procédurale). L’élève doit donc avoir des procédures sûres et stables de repérage des mots responsables de l’accord.

Pour trouver le sujet grammatical, nous sommes revenu à la question du Qui est-ce qui? Cependant, cette méthode pose des ambigüités et est généralement mal employée. C’est pourquoi il faut proposer d’autres solutions pour accorder le verbe adéquatement, comme la mise en emphase, l’effacement. L’enseignant devra faire en sorte que l’élève utilise ces manipulations de façon adéquate et les connaissances apprises devront être mises en application rigoureusement. Avec la pratique et les exigences de l’enseignant, des automatismes se révèleront.

La langue plus qu’un outil de communication

La langue n’est pas seulement qu’un outil de connaissance. Elle est un objet digne de connaissance puisque sa connaissance est nécessaire à une utilisation correcte ou du moins, en facilite la maîtrise. Il s’agit en fait de développer en classe un esprit de recherche et d’interrogation face au langage. Cette approche, utilisée par plusieurs didacticiens depuis plus de vingt ans et opérationnalisée dans l’enseignement du français en Suisse romande, fait en sorte que les élèves construisent leurs connaissances en utilisant une démarche expérimentale en observant les phénomènes langagiers et l’induction pour tenter de les expliquer. Il s’agit de la démarche active de découverte. Cette dernière permet aux élèves de construire progressivement leurs connaissances grammaticales à travers un processus qui suit plusieurs étapes.

Une démarche en plusieurs étapes

Pour commencer, il y a la prise de conscience d’une difficulté par les élèves. Ils doivent observer le phénomène problématique à partir d’un corpus. Ensuite, des manipulations permettent de faire émerger certains aspects du fonctionnement du phénomène à l’étude. Les résultats obtenus à la suite de ces manipulations permettent de formuler des hypothèses qui seront vérifiées à l’aide d’autres corpus. Si elles sont généralisables, elles pourront prendre la forme de loi ou de règles et les élèves les vérifieront dans divers ouvrages de référence.

Une démarche féconde à bien des problèmes

La démarche active de découverte amène l’élève à être actif tout au long de son apprentissage. Elle lui fait expérimenter des procédures d’observation et de manipulation. De plus, elle constitue une initiation à la démarche expérimentale scientifique. Elle développe un esprit de rigueur et favorise le doute. Menée par les élèves, la démarche active, sous la supervision de l’enseignant, elle est adaptée à leurs besoins et leurs aptitudes. Elle favorise l’écoute et la discussion.

Des conditions pour mener cette démarche

Pour être utile, cette démarche doit obéir à certaines conditions. Il est donc primordial de faire un lien entre le phénomène étudié et sa réalisation. Il ne faut pas seulement aborder le phénomène de façon formelle et normative mais il faut centrer les élèves sur un aspect de la langue. L’adoption d’un métalangage commun, déjà connu des élèves, est nécessaire pour l’ensemble de la classe. Mieux vaut utiliser un métalangage limité, dont la dignification est la moins ambiguë et la moins polysémique pour les jeunes. Enfin, une attitude de recherche doit primer sur une volonté d’arriver à des savoirs sûrs.

Les limites de cette démarche

Le principal reproche des enseignants, est que cette démarche demande beaucoup de temps. Il faut donc évaluer les résultats par rapport au temps consacré. Puisque qu’elle demande beaucoup de temps, il faut choisir les sujets sur lesquels elle portera et pour lesquels elle sera le plus efficace. Cette démarche fait également l’objet d’un autre obstacle. Elle fait appel à l’intuition, à l’expérience de la langue des élèves. Il devient plus ardu de l’utiliser avec des jeunes qui n’ont pas le français comme langue première.

Pour terminer, la démarche demande une préparation sérieuse et des connaissances grammaticales assez développées de la part de l’enseignant. On ne peut pas attendre d’avoir toutes les connaissances suffisantes pour travailler la langue puisque celle-ci est en constante évolution. Il est donc possible pour un enseignant qui a des connaissances grammaticales fragiles d’utiliser cette méthode d’enseignement. Peut-être faudrait-il changer d’attitude et admettre que notre savoir est limité?

[1] Notes de cours de grammaire systématique, CHARTRAND Suzanne, didacticienne du français, Enseigner la grammaire autrement.

Les difficultés de la langue: les MAJUSCULES

Une des grandes difficultés de la langue française est sans aucun doute l'emploi des majuscules. Plusieurs règles s'appliquent et plusieurs exceptions également. Malika et moi avons donc fait un comparatif de l'usage des majuscules en utilisant trois grammaires différentes pour s'assurer que chacune d'elle nous dirige vers le bon usage. Les grammaires comparées sont: la grammaire en tableaux de Marie-Éva de Villers, la grammaire méthodique de Riegel et la grammaire pédagogique du français d'aujourd'hui de Chartrand. Vous allez être surpris de voir à quel point, souvent, un seul ouvrage de référence ne suffit pas nécessairement à bien maîtriser certaines notions.

Pour voir le résultat de notre travail, veuillez consulter le lien suivant: http://sd-1.archive-host.com/membres/up/167315962244606657/Difficultes_de_la_langue_1_.pdf

samedi 7 février 2009

Comment enseigner le français à l'école

Cette vidéo a provoqué toute qu'une réflexion pour moi. Je vous laisse le soin de la regarder et de vous faire votre propre idée à ce sujet avant de moi-même publier ce que j'en pense.

Source: YouTube, Marie Desplechin, http://www.youtube.com/watch?v=OclblxS1o-g

Vous pouvez également consulter d'autres opinions sur le français, émises par la même auteure, en consultant le http://www.lelocuteur.info/

mardi 3 février 2009

Grammaire françoise d'Oudin, XVIIème siècle

Biographie d’Antoine Oudin

Antoine Oudin était un linguiste français lors du 17ème siècle. Son père, César, était interprète et secrétaire pour le roi Henri IV. Antoine lui succéda pour devenir à son tour interprète pour la cour de Louis XIII. Le roi l’envoie en mission en Italie et c’est alors qu’il se lie d’amitié avec le pape Urbain VIII.
Tout au long de sa vie, Oudin a écrit plusieurs grammaires et dictionnaires. La grammaire françoise qu’il a écrit avait comme but de montrer la langue française en tant que langue étrangère mais elle est également conçue pour établir un « bon usage » de la langue, comme quoi la grammaire prescriptive date de loin!
En plus de cet ouvrage, Antoine Oudin a beaucoup travaillé sur les langues étrangères apparentées au français, comme l’italien et l’espagnol. Il a publié plusieurs ouvrages de linguistique ainsi que plusieurs dictionnaires bilingues. Voici donc la bibliographie[1] d’Antoine Oudin :

- Curiosités françoises, pour servir de complément aux dictionnaires, ou recueil de plusieurs belles propriétés, avec une infinité de proverbes et de quolibets pour l'explication de toutes sortes de livres (Rouen 1649, 1656)

- Grammaire françoise rapportée au langage du temps (Paris 1633, Rouen 1645) Recherches italiennes et françoises, ou Dictionnaire contenant outre les mots ordinaires, une quantité de proverbes et de phrases pour l'intelligence de l'une & l'autre langue. Avec un abrégé de grammaire italienne (Paris 1640)

- Trésor des deux langues espagnole et françoise, ou dictionnaire espagnol-françois et françois-espagnol (Paris 1645)

- Histoire des guerres de Flandre, traduite de l'italien du cardinal Bentivoglio (Paris 1634)

Antoine Oudin a même enseigné l’italien au roi Louis XIV (1651), qui après avoir tombé amoureux d’une Italienne, laissa tomber son dédain de l’instruction et se décida à apprendre cette langue. Il mourra peu de temps après, le 11 février 1653.


La graphie

Les caractères d’imprimerie utilisés sont différents de ceux que l’on retrouve actuellement dans les grammaires. Les caractères sont de style romain mais ils comportent toutefois certaines particularités sans doute inspirés des caractères italiques et gothique-cursif qui les ont précédés. À peine deux siècles après Gutenberg, les formes semblent fortement influencées par l’écriture manuscrite. Ainsi, comme à l’écrit, le graphème utilisé pour «s» s’apparente beaucoup à celui du «f». Par ailleurs, le z est utilisé au lieu du s comme signe du pluriel. Le symbole & remplace systématiquement le coordonnant «et». Le tilde est aussi utilité sur les voyelles pour marquer les sons nasals. Oudin compte 22 lettres, soit l'alphabet latin, sans le K . Les lettres J, U, W n’existent pas. Il y a peu d’accents (que quelques accents aigus) et de signes de ponctuation. Le tréma vient d’apparaître pour séparer les voyelles. En 1542, le grammairien Meigret avait proposé d'allonger le i pour distinguer i et j correspondant à 2 sons différents. On écrivait alors iurer pour jurer. En 1548, Ervé Fayard eut l'idée de distinguer u et v (ce dernier écrit comme une petite majuscule). On écrivait alors uiande pour viande. Ce n'est qu'en 1762 que l'Académie a séparé i de j et u de v ; jusque là, les lettres étaient utilisées sans distinction, et seule la place dans le mot indiquait la prononciation. Les imprimeurs pourtant faisaient souvent la distinction au XVIème siècle, mais l'usage manuscrit restait archaïque au XVIIème[2]. Mentionnons également que les sons ois sont devenus des sons ais, notamment à l’imparfait. Les terminaisons maintenant en «i» étaient jadis en «y» (ex : moy = moi).

Comparaisons et évolution de la langue

Comme la grammaire de Riegel, celle d’Oudin débute avec la composante phonétique de la langue. Il énumère chaque graphème et indique les différentes prononciations, selon ses contextes d’apparition à l’écrit. Étant donné que cet ouvrage est destiné aux apprenants du français, langue étrangère, il utilise la comparaison avec d’autres langues pour illustrer les différents sons de la langue française. (souvent l’allemand). Il fait même une leçon de prosodie en indiquant les accents toniques sur les mots. Il aborde le sujet de l’apostrophe et de l’élision et ensuite celui de la syntaxe. Il commence par l’emploi de l’article (accusatif, nominatif, etc), celui de l’adverbe, en précisant les combinaisons possibles. Il fonctionne par sujet mais surtout par énumération des lettres et de mots de la langue. Elle semble davantage perçue comme une liste de mots qu’un système. Elle ressemble presque, à certains moments, à un dictionnaire. Il élabore par exemple une liste de locutions verbales comme étant des cas d’emploi du nom sans l’article (ex : fausser compagnie). Il évoque les flottements de la langue notamment en ce qui a trait au genre des noms (genre douteux). Il prend souvent position(ex : plus à propos au masculin). Il semble soucieux de trouver des règles et des régularités dans la langue pour le genre des mots, pour former le pluriel, le féminin. (ex : finissant par un m, c’est masculin). Or, les grammaires d’aujourd’hui, telle que celle de Riegel, disposent de plus de termes métalinguistiques, un langage commun, pour décrire la langue. Dans les grammaires d’autrefois, on exposait à l’aide d’exemples, des régularités tirées de l’observation de la langue par l’auteur. La grammaire de Riegel est très théorique et elle n’est supportée que par quelques exemples. Celle d’Oudin, quant à elle, présente tous les cas possibles mais ne propose que quelques règles. Pour conclure, la Grammaire françoise est un excellent modèle de base de la grammaire connue d’aujourd’hui. La structure et la forme sont semblables mais elles sont maintenant plus évoluées au niveau des règles et de la métalinguistique. À l’instar de la langue, les grammaires ne cessent d’évoluer.

[1] Source de sa biographie et de ses œuvres : Site internet Wikipedia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Oudin
[2] Tiré de : Notes de cours, Histoire de la langue, http://bbouillon.free.fr/univ/hl/Fichiers/Cours/orthog.htm
Source en ligne de la Grammaire rapportée au langage du temps: Google Books, http://books.google.ca/books?id=zGQTAAAAQAAJ&printsec=frontcover&dq=grammaire+fran%C3%A7oise+oudin&hl=fr#PPT4,M1