mardi 3 février 2009

Grammaire françoise d'Oudin, XVIIème siècle

Biographie d’Antoine Oudin

Antoine Oudin était un linguiste français lors du 17ème siècle. Son père, César, était interprète et secrétaire pour le roi Henri IV. Antoine lui succéda pour devenir à son tour interprète pour la cour de Louis XIII. Le roi l’envoie en mission en Italie et c’est alors qu’il se lie d’amitié avec le pape Urbain VIII.
Tout au long de sa vie, Oudin a écrit plusieurs grammaires et dictionnaires. La grammaire françoise qu’il a écrit avait comme but de montrer la langue française en tant que langue étrangère mais elle est également conçue pour établir un « bon usage » de la langue, comme quoi la grammaire prescriptive date de loin!
En plus de cet ouvrage, Antoine Oudin a beaucoup travaillé sur les langues étrangères apparentées au français, comme l’italien et l’espagnol. Il a publié plusieurs ouvrages de linguistique ainsi que plusieurs dictionnaires bilingues. Voici donc la bibliographie[1] d’Antoine Oudin :

- Curiosités françoises, pour servir de complément aux dictionnaires, ou recueil de plusieurs belles propriétés, avec une infinité de proverbes et de quolibets pour l'explication de toutes sortes de livres (Rouen 1649, 1656)

- Grammaire françoise rapportée au langage du temps (Paris 1633, Rouen 1645) Recherches italiennes et françoises, ou Dictionnaire contenant outre les mots ordinaires, une quantité de proverbes et de phrases pour l'intelligence de l'une & l'autre langue. Avec un abrégé de grammaire italienne (Paris 1640)

- Trésor des deux langues espagnole et françoise, ou dictionnaire espagnol-françois et françois-espagnol (Paris 1645)

- Histoire des guerres de Flandre, traduite de l'italien du cardinal Bentivoglio (Paris 1634)

Antoine Oudin a même enseigné l’italien au roi Louis XIV (1651), qui après avoir tombé amoureux d’une Italienne, laissa tomber son dédain de l’instruction et se décida à apprendre cette langue. Il mourra peu de temps après, le 11 février 1653.


La graphie

Les caractères d’imprimerie utilisés sont différents de ceux que l’on retrouve actuellement dans les grammaires. Les caractères sont de style romain mais ils comportent toutefois certaines particularités sans doute inspirés des caractères italiques et gothique-cursif qui les ont précédés. À peine deux siècles après Gutenberg, les formes semblent fortement influencées par l’écriture manuscrite. Ainsi, comme à l’écrit, le graphème utilisé pour «s» s’apparente beaucoup à celui du «f». Par ailleurs, le z est utilisé au lieu du s comme signe du pluriel. Le symbole & remplace systématiquement le coordonnant «et». Le tilde est aussi utilité sur les voyelles pour marquer les sons nasals. Oudin compte 22 lettres, soit l'alphabet latin, sans le K . Les lettres J, U, W n’existent pas. Il y a peu d’accents (que quelques accents aigus) et de signes de ponctuation. Le tréma vient d’apparaître pour séparer les voyelles. En 1542, le grammairien Meigret avait proposé d'allonger le i pour distinguer i et j correspondant à 2 sons différents. On écrivait alors iurer pour jurer. En 1548, Ervé Fayard eut l'idée de distinguer u et v (ce dernier écrit comme une petite majuscule). On écrivait alors uiande pour viande. Ce n'est qu'en 1762 que l'Académie a séparé i de j et u de v ; jusque là, les lettres étaient utilisées sans distinction, et seule la place dans le mot indiquait la prononciation. Les imprimeurs pourtant faisaient souvent la distinction au XVIème siècle, mais l'usage manuscrit restait archaïque au XVIIème[2]. Mentionnons également que les sons ois sont devenus des sons ais, notamment à l’imparfait. Les terminaisons maintenant en «i» étaient jadis en «y» (ex : moy = moi).

Comparaisons et évolution de la langue

Comme la grammaire de Riegel, celle d’Oudin débute avec la composante phonétique de la langue. Il énumère chaque graphème et indique les différentes prononciations, selon ses contextes d’apparition à l’écrit. Étant donné que cet ouvrage est destiné aux apprenants du français, langue étrangère, il utilise la comparaison avec d’autres langues pour illustrer les différents sons de la langue française. (souvent l’allemand). Il fait même une leçon de prosodie en indiquant les accents toniques sur les mots. Il aborde le sujet de l’apostrophe et de l’élision et ensuite celui de la syntaxe. Il commence par l’emploi de l’article (accusatif, nominatif, etc), celui de l’adverbe, en précisant les combinaisons possibles. Il fonctionne par sujet mais surtout par énumération des lettres et de mots de la langue. Elle semble davantage perçue comme une liste de mots qu’un système. Elle ressemble presque, à certains moments, à un dictionnaire. Il élabore par exemple une liste de locutions verbales comme étant des cas d’emploi du nom sans l’article (ex : fausser compagnie). Il évoque les flottements de la langue notamment en ce qui a trait au genre des noms (genre douteux). Il prend souvent position(ex : plus à propos au masculin). Il semble soucieux de trouver des règles et des régularités dans la langue pour le genre des mots, pour former le pluriel, le féminin. (ex : finissant par un m, c’est masculin). Or, les grammaires d’aujourd’hui, telle que celle de Riegel, disposent de plus de termes métalinguistiques, un langage commun, pour décrire la langue. Dans les grammaires d’autrefois, on exposait à l’aide d’exemples, des régularités tirées de l’observation de la langue par l’auteur. La grammaire de Riegel est très théorique et elle n’est supportée que par quelques exemples. Celle d’Oudin, quant à elle, présente tous les cas possibles mais ne propose que quelques règles. Pour conclure, la Grammaire françoise est un excellent modèle de base de la grammaire connue d’aujourd’hui. La structure et la forme sont semblables mais elles sont maintenant plus évoluées au niveau des règles et de la métalinguistique. À l’instar de la langue, les grammaires ne cessent d’évoluer.

[1] Source de sa biographie et de ses œuvres : Site internet Wikipedia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Oudin
[2] Tiré de : Notes de cours, Histoire de la langue, http://bbouillon.free.fr/univ/hl/Fichiers/Cours/orthog.htm
Source en ligne de la Grammaire rapportée au langage du temps: Google Books, http://books.google.ca/books?id=zGQTAAAAQAAJ&printsec=frontcover&dq=grammaire+fran%C3%A7oise+oudin&hl=fr#PPT4,M1

1 commentaire:

  1. Sources inscrites! Bravo! L'aide que vous fournissez à vos collègues compte pour la participation!
    Ne pas oublier de l'inscrire sur votre feuille de participation!

    Merci!

    RépondreSupprimer